Il y a cinquante ans, un jeune intellectuel et militant révolutionnaire sénégalais, Omar Blondin Diop, trouvait la mort en prison dans des circonstances mystérieuses. Son nom s’inscrit désormais aux côtés de figures emblématiques telles que Patrice Lumumba ou Thomas Sankara dans le panthéon des mouvements panafricains. Omar Blondin Diop, dont la vie fut brève mais intense, est devenu le symbole d’une génération déterminée à lutter contre l’injustice et l’impérialisme.

Né le 18 septembre 1946, Omar Blondin Diop est entré dans l’histoire en devenant le premier Sénégalais à intégrer l’École normale supérieure de Saint-Cloud, en France. Cependant, son parcours ne s’est pas limité à l’académisme. À l’époque de Mai 1968 à Paris, il s’est engagé activement dans la révolte étudiante, remettant en question l’ordre établi.

Mais Omar Blondin Diop ne s’est pas contenté de s’opposer à la politique du président sénégalais de l’époque, Léopold Sédar Senghor, qu’il considérait comme un instrument de l’impérialisme. Il a embrassé la violence révolutionnaire, partant en Syrie pour se former à la lutte armée aux côtés des combattants palestiniens. Il a également établi des contacts avec les Black Panthers, ce qui lui a valu d’être qualifié d’un « Che Guevara africain. »

Le 11 mai 1973, à l’âge de 26 ans, Omar Blondin Diop a été retrouvé mort dans sa cellule sur l’île de Gorée, en prison. Cet intellectuel et militant engagé était un farouche opposant à la politique menée par le président Léopold Sédar Senghor, alors ami du président français Georges Pompidou. Cette mort, survenue dans un contexte post-indépendance, continue de susciter des interrogations.

Cinquante ans se sont écoulés depuis ce tragique événement, mais la mémoire d’Omar Blondin Diop rejaillit aujourd’hui. Il est passé du statut de protagoniste dans un film de Jean-Luc Godard à celui de figure de proue de la révolte étudiante de Mai 1968 aux côtés de Daniel Cohn-Bendit. Les premières années de son parcours militant sont racontées avec passion par Florence Morice et Clémentine Méténier.

Omar Blondin Diop, co-fondateur du mouvement des jeunes marxistes-léninistes du Sénégal, est devenu une icône des milieux universitaires et contestataires de Dakar. Alors que le Sénégal de Léopold Sédar Senghor s’apprêtait à accueillir le président français Georges Pompidou, des actions contre les symboles de l’impérialisme français étaient organisées, et Omar Blondin Diop était au cœur de cette contestation. Face à un pouvoir de plus en plus répressif, il a pris la décision de se former à la lutte armée en Syrie et de se rapprocher du mouvement des Black Panthers à Alger.

La question demeure : comment un brillant étudiant de 24 ans a-t-il fini par prendre les armes en Syrie ? Condamné à trois ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’État, Omar Blondin Diop a été incarcéré sur l’île de Gorée. Sa mort le 11 mai 1973 a été rapidement qualifiée de suicide par pendaison par les autorités sénégalaises, une thèse que la famille Diop n’a jamais acceptée. Les circonstances exactes de sa mort demeurent encore floues, malgré les témoignages de première main et les enquêtes judiciaires avortées.

Cet article interroge la possibilité d’un mensonge d’État entourant la mort d’Omar Blondin Diop, avec un enterrement discret, des archives perdues et une enquête inachevée. 50 ans plus tard, les défenseurs de la version officielle se font rares, tandis que d’anciens collaborateurs de Léopold Sédar Senghor brisent le silence. Pendant ce temps, la famille d’Omar poursuit sa quête de vérité et entretient la mémoire de l’aîné de la fratrie Diop.

Alors que la jeunesse sénégalaise cherche des figures héroïques à suivre, la question se pose : que reste-t-il de l’héritage d’Omar Blondin Diop dans le récit national sénégalais ? Sa vie et sa mort demeurent un symbole de la lutte pour la justice et la liberté.

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Écrit : par Ousmane COLY

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