Le président du Rwanda, Paul Kagame, a pris tout le monde de court en annonçant qu’il briguera un quatrième mandat lors de l’élection présidentielle prévue l’année prochaine dans cette nation de la région des Grands Lacs.

Dans une déclaration au magazine francophone Jeune Afrique, le président Paul Kagame a déclaré : « Je suis reconnaissant de la confiance que les Rwandais ont en moi. Je continuerai à les servir aussi longtemps que possible. Oui, je me porte candidat. » Cette annonce a confirmé les spéculations qui circulaient depuis un certain temps concernant ses intentions politiques futures.

Jusqu’à présent, Paul Kagame n’avait pas ouvertement révélé ses projets politiques, mais il avait déjà effectué des amendements constitutionnels controversés lui permettant de briguer un troisième mandat, et ces modifications pourraient potentiellement lui permettre de rester au pouvoir jusqu’en 2034.

Ancien chef rebelle, Paul Kagame est de facto le dirigeant du pays depuis la fin du génocide de 1994. Il a été réélu avec plus de 90 % des voix lors des élections de 2003, 2010 et 2017.

Dans une interview accordée à France 24 en juillet 2022, il avait déclaré : « Je considère la possibilité de me présenter pour 20 années supplémentaires, cela ne me pose aucun problème. Les élections sont le moyen pour le peuple de faire son choix. »

Pour l’élection de 2024, Frank Habineza, chef du Parti vert de l’opposition, est le seul candidat déclaré jusqu’à présent. Il a commenté l’annonce du président Kagame en disant : « Ce n’est pas une surprise. » Il a ajouté : « Nous ne le craignons pas, nous renforçons notre organisation en tant que parti politique pour mener une campagne plus efficace qu’en 2017. Nous sommes confiants et persévérerons dans notre lutte démocratique pour promouvoir l’espace politique, la démocratie, l’État de droit et les droits de l’homme au Rwanda. »

Le Rwanda est souvent présenté comme l’un des pays les plus stables du continent africain, mais plusieurs groupes de défense des droits de l’homme accusent Paul Kagame de gouverner dans un climat de répression, limitant la dissidence et la liberté d’expression.

En 2021, Paul Rusesabagina, le héros du film « Hôtel Rwanda » et un critique virulent de Kagame, a été condamné à 25 ans de prison pour « terrorisme » après son arrestation l’année précédente dans des circonstances controversées. Vivant en exil aux États-Unis et en Belgique depuis 1996, il avait été arrêté à Kigali à la descente d’un avion qu’il pensait être en route pour le Burundi. Sa famille a qualifié cette opération d’enlèvement.

Le gouvernement rwandais a affirmé que l’arrestation était « légale », reconnaissant avoir « facilité » le transport de Paul Rusesabagina en finançant cette opération. En mars 2023, après avoir bénéficié d’une grâce présidentielle, il a été libéré de prison et envoyé aux États-Unis. En juillet, il a publié une vidéo dans laquelle il affirmait que les Rwandais étaient « prisonniers dans leur propre pays ».

Selon le classement mondial de la liberté de la presse 2023 établi par Reporters sans frontières, le Rwanda se classe au 131e rang sur 180 pays, soulignant les préoccupations persistantes concernant la liberté d’expression dans le pays.

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Écrit : par Ousmane COLY

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