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Des dizaines d’enfants, quasiment tous âgés de moins de cinq ans, ont succombé, en Gambie, à une insuffisance rénale aiguë au cours des trois derniers mois. L’un d’eux, Fatoumata, deux ans, a commencé à avoir de la fièvre fin août. L’hôpital où son père l’a emmenée a diagnostiqué un paludisme, mal répandu en cette saison, et l’a renvoyée à la maison en prescrivant un sirop au paracétamol. « Elle ne mangeait plus rien et le sang lui coulait par la bouche et par le nez », rapporte à l’AFP son père Wuri Bailo Keita, laveur de voitures de 33 ans. Elle s’est éteinte une semaine après.

Quatre sirops contre la toux et le rhume, fabriqués par le laboratoire indien Maiden Pharmaceuticals, sont mis en cause. Le chagrin partagé entre Gambiens sur les réseaux sociaux est de plus en plus teinté de colère contre cette industrie pharmaceutique étrangère qui pourrait avoir provoqué leur mort, contre le délabrement du système sanitaire et contre la réponse du gouvernement.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé une alerte la semaine passée et demandé que les sirops soient retirés de la circulation. Les enquêtes ouvertes par les autorités et par l’OMS devront dire si la vie de Fatoumata et des autres s’est arrêtée prématurément parce qu’on leur avait administré ces médicaments contenant selon l’OMS des quantités « inacceptables » de diéthylène glycol et d’éthylène glycol, communément employés comme antigel. L’ingestion peut en être mortelle.

Les sirops n’ont été repérés qu’en Gambie même si, dit l’OMS, il n’est pas impossible qu’ils aient été distribués ailleurs, par des voies informelles largement empruntées par les médicaments, en Afrique notamment où le contrôle laisse souvent à désirer.

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Mariama Kuyateh, une mère de 30 ans, qui a perdu son fils Musa le mois dernier, réclame justice : « Le moment est venu pour le gouvernement de faire son travail et de stopper le commerce de ces produits parce que, s’ils ne le font pas et qu’on importe d’autres sirops, les conséquences seront terribles ».

Le président Adama Barrow, s’adressant directement aux Gambiens, a ordonné des mesures de sauvegarde pour stopper l’importation de médicaments frelatés et a demandé la création d’un laboratoire de contrôle. Le lendemain, il a fait suspendre la licence de l’importateur des sirops mis en cause. En même temps, la police annonçait l’ouverture d’une enquête. « Le gouvernement fera tout pour élucider ces évènements », a promis le président.

Le père de Fatoumata, qui attendant davantage, réclame la démission du ministre de la Santé, Ahmadou Lamin Samateh.

Suite à l’alerte de l’OMS, le Sénégal a renforcé son système de surveillance épidémiologique, a garanti le ministre de tutelle, Marie Khémesse Ngom Ndiaye, ajoutant que « ces médicaments ne détiennent pas une autorisation de mise sur le marché au Sénégal ».

Emedia

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